Dès l'automne 1914, les Français le savent : la guerre est partie pour durer. Très vite, le moral des soldats s'en ressent. Les autorités comprennent que tout doit être mis en oeuvre pour que le lien ne soit pas rompu avec les familles, décrétant notamment la gratuité de l'affranchissement.
En quelques semaines, le vaguemestre devient l'un des personnages clés de la vie au front. Chaque jour, l'homme de troupe et l'officier lui confient en moyenne deux ou trois lettres et en reçoivent autant. On écrit à la famille, à la fiancée, et même aux camarades de la tranchée voisine. Le trafic atteint quatre millions de lettres par jour. Sans compter les télégrammes, les journaux, les cartes postales et surtout les colis de vêtements ou de nourriture, dont l'acheminement crée de nouvelles difficultés.
Au conservatoire de Paris, siège du tri postal, les retards s'accumulent. Sous le feu des critiques, l'Etat charge le général Marty de moderniser la poste aux armées, créee pour les besoins de la guerre de 1870. Le service postal français tout entier en sera révolutionné.